Le binôme de bâtonniers du Barreau de Montpellier présente sa feuille de route
"L’Ordre des avocats doit être en lien avec les relais sociétaux" : le binôme de bâtonniers du Barreau de Montpellier présente sa feuille de route
Depuis le 1er janvier dernier, Mes Pierre Lafont et Marie-Pierre Vedel-Salles sont les nouveaux bâtonnier et vice-bâtonnière à la tête du Barreau de Montpellier. Lien avec les magistrats et greffiers, ouverture sur l’intelligence artificielle au service des avocats, initiatives vers le grand public : ils présentent le programme de leur mandat.
Élu en juin dernier, un nouveau binôme mixte est à la tête du Barreau de Montpellier depuis le 1er janvier. Me Pierre Lafont, avocat en droit des sociétés, conseil et contentieux fiscal et Me Marie-Pierre Vedel-Salles, spécialisée en procédures d’appel en droit civil, succèdent à Mes Maxime Rosier et Iris Christol. Comme leurs prédécesseurs, ils ne seront pas trop de deux pour aborder les enjeux qui se posent à leur profession.
Vos prédécesseurs, Mes Maxime Rosier et Iris Christol, avaient choisi de travailler en binôme. Vous allez donc travailler de la même manière ?
P. L. : Oui. C’est la solution qui est retenue dans les plus grands barreaux. Celui de Montpellier est le 7e de France. Cela permet une complémentarité de compétences pour couvrir l’ensemble des exercices. C’est non seulement nécessaire, mais agréable, pour appréhender la complexité des choses et vu le nombre d’avocats à Montpellier, environ 1 400 à ce jour.
Quelles sont les premières rencontres que vous allez engager dans le cadre de votre mandat ?
M.-P V.-S. : Le 21 mars, nous organisons la 2e édition à Montpellier des Rencontres déontologiques entre magistrats, greffiers et avocats, un événement national programmé au niveau de chaque juridiction, en partenariat avec les tribunaux judiciaires. Il est important de pouvoir échanger sur nos pratiques, d’être à l’écoute les uns des autres et voir comment améliorer les choses. Les élèves avocats seront également présents. "Des modes de règlement amiables pour des décisions plus rapides"
Le lien avec les magistrats et les greffiers est l’un des axes sur lesquels vous souhaitez vous investir ?
P. L. : Face au problème des délais de jugement, nous sommes tous dans le même bateau. À Montpellier, les avocats sont très investis dans la mise en place de la médiation, afin de désengorger les tribunaux et trouver les solutions les meilleures pour les parties. Par ailleurs, nous sommes en train de discuter sur les modes de règlement amiables afin de permettre des décisions plus rapides. Lors des audiences de règlement amiable, le médiateur est le magistrat. Un dossier peut être réglé en 2 ou 3 heures.
S’agissant des relations avec le milieu carcéral ?
P. L. : Nous voulons intensifier les visites destinées aux avocats afin qu’ils puissent voir la prison et pas seulement le parloir. Nous voulons rapporter ce qu’on a vu et dénoncer ce qui doit l’être. La question de la surpopulation carcérale est un problème budgétaire essentiellement, et de politique pénale. Nous sommes relayés sur ce point par les organismes nationaux.
M.-P. V.-S. : Avant le début de notre mandat, nous avions déjà effectué des visites dans les lieux de prévention de liberté, notamment à la structure d’accompagnement vers la sortie de Montpellier, dont nous avons rencontré la directrice. Le Barreau artistique de Montpellier avait formé des détenus pour participer à une matinée où ils prononçaient des discours sur des thèmes qu’ils avaient choisis. Leurs prises de parole étaient très intéressantes. "L’intelligence artificielle peut apporter une assistance en termes de productivité"
Quel autre dossier souhaitez-vous faire progresser durant votre mandat ?
P. L. : Il y a un saut à faire dans le domaine de l’intelligence artificielle. C’est l’objectif que nous nous sommes fixé, en proposant dès cette année des formations et des contacts avec des prestataires qui ont déjà des catalogues de bases de données juridiques. Pour les avocats, l’intelligence artificielle représente d’une part un intérêt méthodologique, pour le classement des mails, des dossiers, l’organisation du cabinet. Elle peut aussi apporter une prestation intellectuelle. On peut interroger l’intelligence artificielle si elle rend service pour analyser des situations complexes. On n’en attend pas des miracles, mais une assistance en termes de productivité, notamment pour les cabinets les moins importants.
M.-P. V.-S. : L’intelligence artificielle peut réaliser des synthèses de mails avec les pièces qu’ils contiennent, avant l’intervention humaine. Mais la connaissance des sources et la notion de formation sont importantes. Utilisée lors d’un procès à New York, l’intelligence artificielle a utilisé des jurisprudences qui n’existaient pas.
Nuit du Droit, Montpellier Ville du Droit : allez-vous poursuivre les initiatives engagées par le Barreau ces dernières années ?
M.-P. V.-S. : Oui, de même que le Village des Legaltech (dédié à l’innovation juridique, NDLR) dont la première édition a eu lieu l’an dernier. Par ailleurs, l’Institut des droits de l’homme du Barreau de Montpellier va aussi poursuivre ses activités avec les élèves des collèges autour de la Déclaration des droits de l’homme.
P. L. : Il est intéressant de voir à quel point notre profession est en lien avec la société. L’Ordre des avocats doit être en prise avec les relais sociétaux.